C’est un sujet récurrent depuis ces cinq dernières années : faut-il ou non permettre à ses collaborateurs d’emmener leur chien au bureau ?
Etat des lieux des dernières études sur le sujet et mise en place efficace d’une étude de projet en 8 étapes.
Etat des lieux
Créé en 1998, le « Take Your Dog To Work Day » fut le premier mouvement militant pour la présence du chien en entreprise aux Etats-Unis. Depuis 2013, cette initiative est notamment très suivie au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, et les initiatives se multiplient !
Fin 2017, Purina a lancé une grande campagne digitale « Pets at Work » afin de communiquer sur les bienfaits de la présence des chiens dans l’entreprise. Purina propose un réel kit de mise en place, extrêmement bien documenté ! Il est téléchargeable gratuitement ici (en anglais) : www.purina.co.uk/pins/pets-at-work
En partenariat avec l’Ifop, Purina et Wamis ont réalisé une étude que nous vous proposons de consulter dans l’infographie suivante :
En France également, c’est Holidog qui a organisé l’an dernier la première semaine d’intégration des animaux en entreprise du 10 au 16 juillet. Ce sont ici les bénéfices sur l’image de l’entreprise qui sont avant tout mis en avant : selon une étude Holidog de mars 2016, pour 98% des répondants, une société qui accepte les animaux dispose d’une image moderne et en avance sur son temps.
2017 aura également vu la naissance des Trophées Pet Friendly, récompensant les entreprises les plus accueillantes pour nos amis à quatre pattes.
La plupart de ces initiatives s’appuient sur des études très sérieuses, parmi lesquelles les plus connues sont reprises ci-après.
Une étude menée pour la Harvard Medical School en 2011, par Christine Junge and Ann MacDonald met en avant la capacité de facilitateur des interactions sociales du chien. Un chien va souvent permettre de démarrer aisément une discussion, et notamment avec des collègues d’autres services ou de niveau hiérarchique différent. Le chien décloisonne. Il permet également de détendre l'atmosphère et de faire descendre les tensions.
Une autre étude de Randolph Barker, de la Virginia Commonwealth University, pour l’International Journal of Workplace Health Management en 2012 s’était penchée sur 76 employés divisés en 3 groupes : ceux qui emmenaient avec eux leur chien, ceux qui avaient un chien mais le laissaient à domicile et les autres qui n’en possédaient pas. Il en était ressorti que le niveau de stress ressenti était bien plus bas en présence des chiens.
Une étude du Banfield Hospital, PAWrometer (où PAW signifie Pets at Work), indique également une plus grande fidélité à l’entreprise et un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée. L’étude insiste aussi sur les bienfaits des ballades nécessaires au chien pendant la journée qui vont contribuer à améliorer la condition physique des salariés, réduire le stress et avoir un impact bénéfique sur les taux d’absentéisme.
« Dans notre société de plus en plus insécurisante, l’animal familier apporterait une forte sécurité affective et contribuerait à développer l'estime de soi et les compétences qui nous permettent de mieux comprendre, de créer et d'inventer. Le chien permettrait donc aussi une augmentation de la productivité. » Hubert Montagner, chercheur en psychophysiologie et auteur du livre L'Enfant et l'Animal, éditions Odile Jacob.
Emmener son chien au bureau semble également répondre à une attente concrète des collaborateurs propriétaires de chiens. L'étude Wamiz et Purina en partenariat avec l’Ifop (mai 2017) dont nous parlions précédemment, révèle que 84% des propriétaires d’animaux de compagnie rêvent d’un endroit pour installer leur compagnon en entreprise. Principales motivations: pour 80% des propriétaires, ils ne souhaitent pas laisser leur animal seul, pour 22% ils souhaitent être en leur présence avant tout et pour 15%, pour qu’il les aident à se détendre.
« La simple contemplation d'un poisson rouge dans un aquarium a déjà un effet positif sur la tension artérielle. Alors dans une entreprise, un chien, lui, est un excellent remède contre l'hypertension et le stress ! » Philippe de Wailly, vétérinaire et auteur du livre Ces animaux qui nous guérissent, éditions Alphée.
A noter enfin, les bienfaits pour le chien qui se sociabilise davantage ! Et qui reste avec son maitre, actif sur la journée !
Des règles à respecter pour une mise en place efficace
Il est tout d’abord important de noter qu’aucun texte de loi n’interdit, ni ne réglemente la présence d’animaux en entreprise. C’est pour cela qu’il est primordial de mettre en place une charte de bonne conduite à faire signer à chaque salarié. Seuls les règlements intérieurs des entreprises peuvent limiter l'accès des animaux de compagnie.
« Aucune loi n’interdit de venir travailler avec son chien, mais à condition d’obtenir l’aval de son employeur et de ses collègues. Et bien évidemment d’avoir un animal sociable, calme, propre et obéissant. » Nina Tschirhart, juriste.
1. S’assurer que le règlement intérieur ou la convention collective n’interdisent pas la présence de chiens dans l’entreprise.
2. Mettre en place une charte de bonne conduite :
tous les chiens ne peuvent être acceptés, on refusera en général les chiens de catégories 1 et 2 ainsi que les chiots jusqu'à 12 mois
interdiction de certains espaces aux chiens (salles de réunion, certains bureaux, restaurant d’entreprise...)
exiger des propriétaires que leur chien soit assuré et que cette assurance dispose d’une responsabilité civile
mettre en place une liste de comportements inacceptables (qui justifieront le renvoi de l’animal de compagnie au bout d’un ou plusieurs événements selon leur gravité)
vaccinations obligatoire à jour
un chien propre
un chien au caractère sociable avec les humains et les autres chiens (on peut envisager demander un certificat de la part d’un éducateur recommandé par l’entreprise)
tout chien malade serait banni du programme le temps qu’il aille mieux (on peut ici envisager un certificat d’aptitude d’un vétérinaire à présenter)un brossage et toilettage régulier des chiens devra être effectué par les maîtres afin de limiter tous risques d’allergies
mise en place d’une période de probation de 10 jours avant accord
Selon les moyens alloués à l’opération, on peut même prévoir un vétérinaire pour approuver la présence du chien et sa capacité à respecter la charte de bonne conduite.
3. Prévoir l’aménagement des locaux :
espace détente pour les chiens (paniers)
points d’eau
mise à disposition d’accessoires (jeux, colliers, laisses, sacs à déjections)
signalétique informant de la présence d’un chien (porte des bureaux concernés, espaces extérieurs dédiés éventuellement, espaces interdits aux chiens, charte de bonne conduite
4. Préparer une présentation de l’ensemble des bénéfices de l’initiative et présenter des exemples concrets.
5. Proposer une journée d’essai.
6. Impliquer l’ensemble des salariés qui seront appelés à s’exprimer sur le projet en répondant à une enquête et en votant pour ou contre sa mise en place.
Si la majorité des collaborateurs est convaincue :
7. Mise en place du programme (aménagement des espaces et déploiement de la signalétique)
8. Lancement et promotion du programme
en interne avec un événement dédié et également
en externe (relations presses, annonces presses, réseaux sociaux, emails, décorations spécifiques dans l’entreprise - fresque murale... )
Si la majorité des collaborateurs ne votent pas en faveur du plan :
7. Il est bien évidemment impératif de respecter l’avis de vos équipes.
8. Remercier tous vos collaborateurs pour avoir participer à l’étude de projet et dédramatiser la situation. Il serait dommage que cette initiative deviennent sources de frustration et de conflits !
Aussi, on peut tout à fait envisager la mise en place de solutions alternatives :
faisant preuve d’un peu d’humour avec la déploiement de poissons rouges dans les services volontaires
mais aussi tout à fait concrètes pour les propriétaires de chien, par exemple en leur permettant d’accéder au programme de télétravail un jour par semaine si celui-ci existe déjà, ou encore en mettant en place une pension pour chien ouverte certains jours dans la semaine, en collaboration avec des éducateurs canins locaux
A noter que certaines entreprises et lieux de travail ne permettront jamais une telle mise en place et notamment pour des règles d’hygiène et de sécurité : les établissements de santé, l’administration publique, les magasins alimentaires… qui sont comme nous abordions plus haut les seuls espaces concernés par un texte de loi interdisant toute présence animale.
Conclusion
Il est indéniable qu’avec une mise en place bien travaillée, expliquée et encadrée, la présence de chiens en entreprise peut être une réelle source de bien-être au travail et donc considérée comme un réel outil managérial de motivation et d’efficacité :
plus grandes interactions sociales et décloisonnement
apaisement des tensions
diminution du niveau de stress ressenti bénéfique sur l’image de l’entreprise (modernité)
fidélisation des collaborateurs à l’entreprise
meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée
diminution des taux d’absentéisme
développement de l'estime de soi et des compétences
meilleure compréhension, esprit de création et d’inventivité
augmentation de la productivité
prise en compte concrète des attentes des collaborateurs
La prise en compte des facteurs potentiels de stress ou d’inquiétude des salariés est une véritable tendance de fond qui avait débuté chez les GAFA (crèche en entreprise, laveries, système de conciergerie, restaurant d’entreprise, gym…), les chiens n’y échappent donc pas en trouvant naturellement de plus en plus leur place au sein du monde du travail. L’an dernier, l’entrepris BrewDog (d’origine écossaise) permettait à chaque salarié de bénéficier d’une semaine de congés payés en cas d’adoption d’un nouveau chien ! Le chien, fidèle ami des managers !
Sources
Cédric Grossmann
Consultant Marketing
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